Quand on marche du Temple Rokudochinno-ji le long de la rue Rokudo-no-tsuji vers l’ouest, on voit bientôt à une bifurcation le toit du petit temple Saifuku-ji. Là, dans l’enceinte grande comme un mouchoir de poche, beaucoup de divinités très variées sont étroitement deifiées.
On garde, dans ce temple, un tableau bouddhiste « Danrin-kogo-kusouzu » commandé par l’impératrice Danrin en 9 scènes montrant comment son corps aurait pourri, s’il avait été exposé au vent et à la pluie.
La première scène représente le corps gonflant à cause du gaz qui provient de la putréfaction.
Puis, sur la deuxième, la pourriture avance et la peau commence à se déchirer.
Sur la suivante, la pourriture avance davantage et des liquides comme la graisse, le sang et la lymphe suintent peu à peu du corps.
Ensuite, sur la quatrième, le corps lui-même commence à fondre.
Et, sur la cinquième, devient bleu noirâtre.
Après ça, les vers pullulent dans le corps et il est devoré par les oiseaux et les animaux. (sur la sixième)
Alors, le corps est reduit en pièces sur la septième scène.
Et puis, sur la huitième, rien ne reste sauf les os.
Dans la dernière scène, les os sont brûlés et ce qui reste dans ce monde concernant l’impératrice Danrin est seulement une petite quantité de cendres.
L’impératrice Danrin (786-850), une femme d’une rare beauté, fit peindre ce tableau, d’après la foi bouddhiste, pour éclairer les hommes, spécialement les bonzes, sur l’éphémérité du corps de la femme.
Pourquoi ?
Il arrivait souvent que les bonzes qui faisaient des exercices religieux ne pouvaient plus se concentrer, parce qu’ils succombaient au désir charnel suscité par la présence de femmes séduisantes comme l’impératrice Danrin.
Pour éviter cette situation, les bonzes s’asseyaient devant ce tableau un certain temps et essayaient d’éteindre leurs passions. Ce tableau était très efficace car, plus la femme est belle, plus l’effet de déception est fort. Ce résultat est obtenu naturellement par l’utilisation de Ono-no-Komachi, beauté représentative dans l’histoire du Japon, comme sujet du tableau.
A propos, si le tableau avait été vraiment efficace, la rue des plaisirs comme le quartier de Gion n’aurait jamais existé..